Les organisations professionnelles font de la supervision une obligation pour un coach. C’est presque regrettable car cette injonction fait perdre de vue le sens d’une démarche qui devrait être volontaire. D’autant plus qu’à écouter ceux qui s’y prête, les avantages sont multiples.

En fait la supervision relève d’une nécessité propre à ce métier. Mais aussi de quelques utilités pour plusieurs autres aspects. Sans omettre le plaisir et les avantages qu’elle produit.

Nécessaire par ce que le coach travaille sur l’humain, elle l’est également parce qu’il est lui même soumis aux aléas de l’humain qui constitue un ensemble non seulement complexe mais aussi très sensible.

Cette complexité, dont aucun outil ne rend réellement compte, ne peut se résumer à ce qu’en dit la psychanalyse, le MBTI, l’analyse transactionnelle ou la physiologie et bien d’autres. En fait, notre intuition, nos sensations, nos sentiments si on sait les entendre, nous en disent beaucoup plus que de savoir que notre client est introverti ou extraverti, visuel ou auditif, avec une structure névrotique ou limite, sanguin ou lymphatique, balance ou poisson.

Parfois nous guettent des erreurs d’appréciation qui proviennent de notre point aveugle et peuvent nous rendre très affirmatif, alors même que nous nous trompons. C’est en quoi la différence de vision entre coaché et superviseur permet une approche multi-référentielle comparable à la vision binoculaire. C’est par ce que nous avons deux yeux que nous saisissons les reliefs! C’est parce que nous nous mettons à écouter à deux que nous comprenons d’une part les subtilités du chemin et d’autre part ce que nous ne savions pas ne pas savoir.

Ce point aveugle, cette face de soi que l’on ne voit jamais, psychologie et psychanalyse nous y ont sensibilisés au travers de phénomènes de projection dont même un long travail sur soi ne nous immunise pas. Et cela, seul un tiers peut nous le faire toucher, délivrant de ce fait nos clients du poids de nos certitudes compulsionnelles.

Les clients s’adressent à nous pour des raisons opérationnelles qui peuvent mettre leur vie professionnelle en danger. Et nous savons très bien que la solution ne suffit pas toujours à résoudre le problème quand elle ne sert pas même à l’évacuer… Pour cela, il y a des conseillers qui font mieux l’affaire que les coachs. Au coach revient le traitement de la répétition… de la problématique. Et c’est cette répétition qui nécessite un moyen d’écoute assistée.

La supervision présente un autre avantage. Elle nous remet à notre place et nous positionne en termes d’humilité. Ce qui est absolument indispensable dans l’exercice d’une expertise dont la première qualité est de savoir qu’on ne sait jamais pour l’autre. Le coach qui « sait » n’a pas besoin de supervision. Mais qu’en sait-il? Et quand sait-il?

Sur le plan de l’utilité, les raisons sont encore plus nombreuses. Lieu professionnel d’échanges sur les pratiques, d’études de cas, de préoccupations éthiques, la supervision collective est sans doute un des meilleurs endroits pour apprendre les tours de main du métier ou faire du training post formation.

Ce processus de supervision, qui fait office de tiers entre le coaché et son client, renforce l’assurance personnelle, la légitimité, l’ouverture à d’autres points de vue et partant une vraie sécurité dans les cas difficiles et une vraie sérénité pour les autres cas.

Du côté plaisir, en sortant le coach de sa solitude d’intervention, la supervision le gratifie du sentiment d’appartenance, de reconnaissance et de partage avec ses pairs.

A quand la supervision pour d’autres professions de l’humain !

Par Olivier Devillard